Creep a été adapté par un petit million d'interprètes (j'ai compté) qui se sont reconnus dans les plaintes d'adolescent marginal de Tom Yorke. Il faut désormais y rajouter la douleur d'un raton laveur génétiquement modifié. Et la notre.
Après un premier opus qui reste pour moi le meilleur Marvel, le second m'avait un peu laissé sur ma faim. Le refus de se prendre au sérieux avait subsisté mais l'humour déjà pas fin s'était encore alourdi dans un opus qui se perdait dans une sirupeuse glorification de la famille. Ici Gunn se concentre sur l'amitié et pose des enjeux à taille humaine à ses bras cassés qu'il traite avec beaucoup d'affection. Les flashbacks de l'histoire de Roquette sont tout simplement les meilleurs moments du film.
Si je n'ai pas vu passer les 2H30 ce n'est pas pour le bestiaire (dément), l'action (parfois virtuose) ou l'humour (qui alterne fulgurances "he, he picked a pretty set" et inexplicable lourdeur : les boutons du scaphandre) mais parce que Gunn place au centre de l'histoire ses héros. Il parvient à rendre terriblement humain un raton laveur, un arbre, une luciole, une gymnaste désarticulée et un videur de boite de nuit bleu. Et pour une fois l'objectif n'est pas de sauver le monde, juste un ami.
D'ailleurs nos loosers ne parviendront pas à empêcher un génocide planétaire qui aurait presque été anecdotique sans la séquence en salon qui la précède. Gunn a une autre bonne idée pour créer du lien, du réel avec ses spectateurs : apporter du vivant (même s'il est gluant) dans cette immensité galactique traversée de vaisseaux de métal. D'autres bonnes séquences me restent, la rebellion des sbires du High Evolutionnary, Gamora aux toilettes (on a jamais vu aussi subversif au sein du MCU et je ne plaisante qu'à moitié), l'équilibre trouvé pour faire exister tous les gardiens, la séquence de l'ascenseur.
Pourtant le film n'est pas exempt de défaut. A commencer par le très mal joué "High Evolutionary", l'inutile Kraglin et l'horripilant Adam Warlock utilisé à la fois comme ressort comique infantile et deus ex machina à répétition. On échappe pas non plus à quelques lignes de dialogues clichés et un dénouement sirupeux mais c'est déjà tellement mieux que d'habitude qu'on voit le verre à moitié plein. Chez Marvel on a par contre enfin compris que désamorcer chaque scène impactante émotionnellement par un gag vaseux était une ânnerie. Reste à travailler sur l'absence de tension qu'on éprouve pour nos héros étant donné que rien ne semble les blesser et que les morts reviennent inexplicablement à la vie.
Les scènes d'action suivent les normes épileptiques standards et des plans qui sacrifient la lisibilité à la sensation mais, à l'image du faux plan séquence de la bataille en couloir exigu, les gardiens font là encore mieux que la concurrence.
Au final une oeuvre qui m'aura étonnamment touchée malgré les artifices caricaturaux mis en place: animaux mignons, bébés raton laveur et musique larmoyante. La responsabilité en incombe probablement aux heures de sommeil manquantes mais qu'importe, merci pour cette séance ciné et l'émotion retrouvée.
Le meilleur Marvel depuis Endgame conclut la meilleure trilogie du MCU.